Un électricien très éclairé : Laurent Fachard, gérant des Eclairagistes associés
article paru dans Le Moniteur N° 5078 du 23 mars2001 © photo : Xavier Testelin Issu du spectacle - il a travaillé au théâtre avec Marcel Maréchal et Alain Cuny, mais aussi avec Colette Magny et le groupe rock Katonoma -, Laurent Fachard s'efforce depuis bientôt vingt-cinq ans de « donner du sens » à la lumière. « Au cinéma ou au théâtre, j'ai appris à servir un propos », explique ce Parisien émigré à Lyon. Eclairer une scène, un espace public ou un monument historique relève du même défi : « Il ne nous est jamais demandé de faire oeuvre mais de collaborer à son accomplissement... » Depuis qu'il a créé sa société - Les Eclairagistes associés (LEA) - en 1989, cet ancien électricien n'intervient plus comme sous-traitant mais comme concepteur à part entière. Il a remporté le concours lancé par la Caisse nationale des monuments historiques pour la mise en lumière du monastère de Brou (Ain), chef-d'oeuvre du gothique flamboyant, participe régulièrement à des consultations aux côtés d'architectes et de paysagistes. Ceux-ci méconnaissent l'impact de la lumière artificielle, mais mesurent rapidement que « l'attention portée à la nuit suscite chez les habitants une réappropriation de l'espace ». Michel Corajoud lui reste fidèle : après la rénovation de l'avenue d'Italie à Paris, la mise en lumière de la promenade plantée recouvrant l'autoroute A1 à Saint-Denis et celle du parc Gerland à Lyon, les deux hommes collaborent à nouveau aujourd'hui sur l'aménagement des quais rive gauche à Bordeaux. Laurent Fachard se passionne pour « ce défi nocturne » qui consiste à mettre en valeur la ville la nuit : il a été, ces trois dernières années, le directeur artistique du festival Lyon Lumières, qui se déroule en décembre, et la mairie de Lyon l'a chargé d'établir un plan lumière pour le quartier de la Part-Dieu, où il ose jouer de la couleur comme à Gerland. Mais ce quadragénaire s'interroge aussi beaucoup sur l'éclairage artificiel intérieur des bâtiments. Après le palais de justice de Caen, il est à nouveau missionné par Architecture Studio, l'agence devant construire trois nouvelles prisons de six cents places. « La lumière peut être facteur de stress ou d'apaisement », a-t-il expliqué à René Eladari, délégué général au programme pluriannuel d'équipement (DGPPE) du ministère de la Justice. Le message semble avoir été entendu. Conscient que son métier est nouveau, ce modeste regrette à l'évidence que la lumière puisse « donner lieu à toutes les outrances », que les élus se soucient davantage d'illumination architecturale que d'environnement urbain, « alors que les enjeux sont pourtant là ! » Lucide, il reconnaît : « La lumière fascine tout le monde, autant le public que le politique, bien conscient qu'il y a là une question d'image bonne à prendre... » © texte : Carine Lenfant |