Patricia Fernandez, maire de Port-de-bouc (Bouches du Rhône) Une femme toujours fidèle à ses engagements |
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(article paru dans Maires de France, N° 241)
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Militante depuis l’adolescence, Patricia Fernandez se soucie beaucoup de la qualité de vie de ses administrés. Quotidiennement à l’écoute des habitants , elle s’estime « tous les jours en campagne. » En 2008, Patricia Fernandez figurera pour la première fois en tête de liste : « Je n’ai pas été élue au suffrage universel mais par le conseil municipal en juin 2005. Député depuis 1997, le maire Michel Vaxès souhaitait me voir le remplacer, afin de se consacrer plus encore à la circonscription. » Le passage de témoin s’est opéré avec l’accord des adjoints : elle n’était pourtant qu’un simple conseiller municipal, connue localement pour la force de ses engagements et son sens de l’organisation. « Un nouveau serviteur dirige le même orchestre pour écrire sur la même mélodie et avec la même passion d’autres chapitres» devait déclarer Michel Vaxès le jour de son investiture dans la salle Gagarine. La nouvelle élue partage en effet avec ses deux prédécesseurs –Port-de-bouc est gérée par des communistes depuis la Libération- « le désir d’associer étroitement la population à toutes les décisions. » Patricia Fernandez a compris très tôt, que « si l’on se parle, si l’on essaie d’agir ensemble, de poursuivre les mêmes objectifs, il est possible de gagner, de mener de beaux combats. » A14 ans, elle militait déjà contre l’apartheid, s’interrogeait avec des camarades sur les moyens d’obtenir la libération de Nelson Mandela, « scandalisée qu’on puisse être jeté en prison pour ses opinions politiques, pour avoir osé prôner « un homme, un vote ». Les débats organisés alors au centre culturel Elsa Triolet, un lieu fréquenté par beaucoup d’adolescents, passionnaient la collégienne : « même si l’on n’était pas toujours d’accord, chacun apportait des idées, des projets. On se complétait, sur de petites choses on pouvait tomber d’accord, tout cela s’est avéré très formateur ». A 16ans, elle a adhéré aux Jeunesses communistes. Un parcours naturel pour cette fille, petite fille et nièce d’ouvriers cheminots, née dans une ville portuaire traumatisée par la fermeture des chantiers navals en 1966, « ce qui lui a fait perdre les deux tiers de ses ressources. » Cet engagement précoce explique qu’elle ait été sollicitée en 1995 : «Le maire, Michel Vaxès, souhaitait s’entourer de jeunes et de gens d’horizons différents - communistes, socialistes ou apparentés, syndicalistes ou personnes impliquées dans le réseau associatif- qui aient tous envie de participer à la vie de leur ville. Une liste comportant autant d’ hommes que de femmes alors que la loi sur la parité n’avait pas encore été votée.» Elue conseiller municipal, à 22 ans, l’année même de son mariage, de l’obtention de sa licence de sciences naturelles et de son admission en seconde année à l’IUFM , l’enseignante prend son rôle à cœur et se représentera six ans plus tard. Elle a en charge la jeunesse, intervient aussi sur les questions d’urbanisme et de logement : « les logements sociaux ont représenté 56% du parc immobilier, ils avoisinent aujourd’hui 48%. Nous avons démoli des tours, opéré des restructurations.» Maire à plein temps Professeur des écoles pendant dix ans, elle n’enseigne plus : «Chacun peut avoir sa conception de la politique, mais j’estime qu’être maire d’une ville de 17 000 habitants, cela ne peut s’envisager qu’à plein temps. Mise en disponibilité, je touche le même salaire mais ne dispose plus du tout les mêmes vacances ! » L’emploi du temps de cette mère de famille s’est trouvé quelque peu chamboulé par ses nouvelles responsabilités. Premier magistrat, elle assure aussi la vice-présidence de la communauté d’agglomération de l’ouest de l’étang de Berre (Caoeb), constituée en 2000 avec Martigues et Saint Mitre. L’équilibre familial implique une solide organisation. Chaque matin, elle conduit ses enfants de 7 et 9 ans à l’école et va les chercher à midi, sa mère prend ensuite le relais : « Je rentre souvent vers 20h30, parfois plus tard. Je m’efforce de leur raconter des histoires avant qu’ils s’endorment, je préserve mes mercredis, puisque j‘ai souvent des obligations le week-end. » Si les habitants respectent sa vie privée, les occasions de débattre avec eux ne manquent pas : « Le marché se tient tous les jours, tout le monde s’occupe des affaires de la ville. On se rencontre aux joutes, aux matches, aux fêtes. Port de bouc est une ville avec une ambiance de village.» Patricia Fernandez, que beaucoup tutoient et appellent par son prénom, invite d’ailleurs chacun à s’impliquer davantage. « Une idée vous trotte en tête, un projet vous tient à cœur ? » pouvait-on lire sur son blog du 19 juillet « Le Fonds de Participation des Habitants est là pour vous aider à les réaliser et favoriser les initiatives en apportant une aide financière souple et rapide. Un seul impératif : que ce projet soit d’intérêt collectif. » La démocratie participative, ici, n’est pas un vain mot : «Elle n’est pas mise en place d’une manière structurée, mais en fonction des besoins. Sur chaque gros dossier, un groupe de travail est constitué, rien ne repose sur une seule tête. La gestion communale est un travail d’équipe. » Les visites de quartiers, organisées par les élus trois fois par semaine, reprendront cet automne. Elles permettent aux habitants de s’exprimer sur les chantiers en cours et d’émettre des propositions. Extension de l’urbanisation vers le nord, lotissement en cours d’aménagement, construction d’une Maison des sportifs et d’un gymnase, requalification urbaine… bien que sa commune soit « la plus pauvre du département », celle-ci change progressivement de physionomie, devient plus agréable à vivre. Port de Bouc relève à l’évidence la tête, sans rien renier son passé : « Notre ville avait été mise sous tutelle dans les années soixante-dix, mais elle est parvenue à panser ses plaies. Nous sommes pauvres, mais nous ne sommes plus endettés. Aujourd’hui on n’hésite plus à nous prêter de l’argent. » © Carine Lenfant Encadré : Des efforts récompensésPort de Bouc s’est mobilisée pour que la forêt domaniale du Castillon, détruite en partie par un incendie en 2000, ressuscite. Les zones mises à nu ont permis d’apporter un éclairage nouveau à l’histoire du lieu. Puits pour capter les eaux souterraines, enclos pour animaux, murs de soutènement de terrasses , cabanes, tous réalisés en pierres sèches étaient intimement liés aux travaux agricoles. Une maquette pédagogique en 3D a été réalisée pour montrer comment l’homme utilisait la forêt autrefois. Ce jeu de l’oie géant, qui permet de découvrir la faune et la flore, vient de remporter le grand prix 2007 de l’éducation à l’environnement- Pavillon bleu. |